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No53
  19-mai-2008  

Nos engagements

5 QUESTIONS, 5 REPONSES SUR LES NEGOCIATIONS EN COURS


Pour qui avons-nous travaillé ce lundi de Pentecôte?

Le législateur a décidé face aux mécontentements des organismes de loisirs et des syndicats de salariés de repositionner le lundi de Pentecôte comme un jour férié. Le législateur avait décidé précédemment que tous les salariés devaient faire gratuitement cette journée de travail pour que leurs employeurs alimentent une caisse de "solidarité pour l'autonomie des personnes âgées et des personnes handicapées" avec ces 7h00 de travail obligatoire (pour un temps plein). Chez Coca-Cola Entreprise, l’employeur s’engage à ne pas faire travailler les jours fériés en semaine (puisqu’ils sont déclarés non travaillés) et dans l’Accord NAO 2004, il s’engage s’il veut les faire travailler à une rémunération "majorée à 200%" pour tous (ce qui fait que le paiement effectif de la journée est à 100% + 200% = 300%).
L’employeur devait reverser 0.3 % de la masse salariale annuelle pour ce jour qui était au départ le lundi de Pentecôte décrété jour normal. Le seul problème est que Coca-Cola Entreprise a décidé unilatéralement de faire travailler les salariés le lundi de Pentecôte férié alors que le législateur n'impose plus de jour précis. Coca-Cola nous a indiquée ne vouloir reverser que la valeur d’une journée normale pour les personnes âgées et les handicapés et pas les 200% restants. Qui va les empocher?
Notre employeur qui se veut une entreprise citoyenne va-t-elle reverser ces 200% à l’Etat ? Notre entreprise qui se veut en salaires 20% au-dessus des autres va-t-elle les intégrer dans la fiche de paye de ses salariés ? En tous cas, si l’une ou l’autre de ces solutions n’est pas choisie, nous pourrons constater que ces 200% (soit deux journées de travail, c’est-à-dire 1% de notre salaire annuel puisque nous travaillons rémunérés sur 210 jours) seront allés aux actionnaires. Constatons aussi que la première proposition de l’employeur pour la NAO 2008 était de 2%. Espérons que le 1% de plus de la dernière proposition n’a pas été payé par nous-mêmes avec le reste des 200% du lundi de Pentecôte, sinon nous pourrons dire tout haut que, littéralement, chez Coca-Cola on travaille plus pour gagner la même chose.

Que pouvons-nous attendre de la négociation NAO 2008?

La négociation annuelle 2008 a commencé sans que l’employeur ne nous donne beaucoup de chiffres sur les différents salaires selon des catégories professionnelles et nous n’avons toujours pas le bilan de l’application de l’Accord NAO 2007 pour les cadres. Les syndicats représentent les intérêts de leurs adhérents et de ceux qui les soutiennent lors des élections professionnelles, c’est-à-dire des salariés. Ces salariés ont des familles qu’ils font vivre avec leurs salaires, or la spéculation des actionnaires et la rapacité des distributeurs font baisser le pouvoir d’achat des ménages. L’inflation atteint un seuil jamais vu en France depuis que nous vivons dans la zone Euro. Les entreprises se portent bien et même le Président Sarkozy s’est étonné de la non considération des salariés par les grandes entreprises en réponse à une question d’une journaliste sur notamment Coca-Cola.
Lors de la dernière réunion de négociation, l’employeur ne voulait pas aller au delà de 3% d’augmentation générale alors que l’inflation à date (avril 2008/avril 2007) était déjà de 3.2%. Nous avons eu connaissance de l’intention de l’employeur suite aux grèves de modifier ce chiffre pour mettre 3.2%. Un employeur a le droit de modifier un accord avant sa signature. Notre syndicat Force Ouvrière a demandé avant la signature la réouverture des négociations par courrier recommandé avec AR. Un employeur ne peut s’opposer à une demande de réouverture des négociations, même si celle-ci émane d’une seule organisation syndicale. A notre connaissance, le syndicat Force Ouvrière est le seul a avoir formalisé par écrit cette demande légale de réouverture (Cass. Soc., 12 octobre 2006, n° 05-15.069, PBRI). Depuis cette date, l’employeur nous a envoyé le projet d’Accord NAO 2008 modifié, mais déjà signé.

Pourquoi des débrayages et des grèves chez Coca-Cola Entreprise et Coca-Cola Production pour le pouvoir d’achat?

Quand les salariés se mettent en grève, ce n’est ni pour perdre de l’argent, ni pour perturber la marche de l’entreprise. La perturbation de l’entreprise n’est qu’un moyen de pression et la perte de salaire la conséquence d’un arrêt de travail. Les salariés qui arrêtent le travail ont des revendications qui sont le but de la grève, et pour 2008 ils voulaient et veulent toujours une amélioration réelle de leur pouvoir d’achat. Notre syndicat a exprimé ces revendications dans des journaux et à la table des négociations. Quand taper sur une table de bois ne réveille pas les responsables des Ressources Humaines qui s’endorment sur leurs fauteuils, il n’y a que les coups de téléphone des distributeurs qui voient leurs rayons se vider pour les réveiller.
Sur l’usine des Pennes-Mirabeau, Coca-Cola Entreprise a reconnu un droit à compensation sur la cherté de l’immobilier en donnant une prime permanente de 80 Euros mensuelle. Coca-Cola savait bien que les autres salariés de Coca-Cola demanderaient aussi à bénéficier de ce droit. La majorité des commerciaux de Vitrolles, la majorité des salariés postés de Grigny, Bergues, Toulouse, Clamart et la majorité des salariés du CRD de Dunkerque ont fait un ou plusieurs jours de grève pour appuyer une augmentation du pouvoir d’achat et l’octroi de la prime de 80 Euros pour tous. Du jamais vu chez Coca-Cola en France. La presse écrite, audio, télévisée et Web ne s’y est pas trompée et plusieurs dizaines d’articles souvent en première page ont été publiés. Les médias se déplaçaient ou cherchaient des coordonnées téléphoniques alors que d’habitude les syndicats peinent à faire paraître des communiqués. Depuis la disparition de Renault-Billancourt, on a l’impression que les journalistes se disent que si les salariés de Coca-Cola s’enrhument, alors que selon leurs dirigeants ils gagnent 20% de plus qu ‘ailleurs, c’est qu’une épidémie couve en France.
Pour les salariés postés de Coca-Cola, s’ils gagnent effectivement 20% de plus qu’ailleurs en moyenne, c’est aussi parce qu’ils font des heures de nuit et qu’ils travaillent en équipes 3/8. Ces primes font bien la différence, mais le travail dégradé qui en résulte fait aussi chuter l’espérance de vie de 7.5 ans entre un métier pénible et un métier non pénible. Soit 20% d’une durée courante d’emploi. Alors, gagner plus en mourant plus tôt, c’est peut-être une compensation, mais en tout cas pas un salaire.

Pourquoi des menaces contre les salariés grévistes chez Coca-Cola?

C’est vrai que les syndicats ont présenté, au moins au début des arrêts de travail, des revendications différentes et que cela n’a pas renforcé la pression. C’est vrai aussi que certains syndicats ont souhaité faire des piquets de grève, ce qui n’a pas empêché comme à Bergues, où les syndicats étaient unis sur les revendications, que l’entreprise est restée quand même paralysée par la grève après la cessation des piquets.
Coca-Cola, sauf aux Pennes-Mirabeau, a envoyé des salariés et des syndicalistes devant un tribunal après un référé et il leur a aussi envoyé des recommandés pour des entretiens préalables pour des sanctions pouvant aller jusqu’au licenciement. On voit que la Direction des Ressources Humaines a lu le « Germinal » de Zola qui s’inspire de la grève des 1500 mineurs d’Anzin en 1884 où 144 ouvriers seront congédiés.
Pourquoi une prime de 80 Euros sur l’usine des Pennes-Mirabeau et des tribunaux ailleurs ? Les salariés s’interrogent et nous n’avons pour notre part aucune explication.

Allons-nous vers un Accord d’intéressement pour les années 2008-2009-2010?

L’accord d’intéressement pour les années 2005-2006-2007 a pris fin. Si l’on fait le bilan, on voit que le dispositif mis en place a permis d’éviter que l’aléatoire de l’accord précédent ne produise rien certaines années (et donc avec obligation pour les salariés de se mettre en grève pour réclamer le dû de leurs efforts). Les chiffres (pourcentage de la masse salariale servant au calcul) sont corrects :
 
2005
2006
2007
Intéressement
2.85%
8.58%
8.88%
Participation
4.54%
5.97%
2.82%
Total
7.39%
14.55%
11.70%

L’ensemble a constitué en moyenne un vrai 14ème mois qui a évolué selon les années entre la moyenne mensuelle du salaire des employés/ouvriers et la moyenne mensuelle du salaire des cadres.
La conjoncture économique, financière et politique est inquiétante en France pour les années qui viennent. Force Ouvrière souhaite signer un nouvel Accord d’intéressement, mais nous ferons des propositions pour éviter des résultats en dents de scie sur la période. Nous avons demandé à la DRH des bilans plus précis sur le précédent exercice.
Nous espérons que les paroles de managers aux salariés administratifs et commerciaux disant que les salariés des usines risquent d’empêcher un intéressement pour 2008 ne sont que des non-sens. Car c’est bien dans la négociation en cours entre la direction et les syndicats que les objectifs seront fixés et un accord les précisant n’est pas encore signé. Nous espérons aussi que ce n’est pas une préparation des esprits de l’employeur pour ne pas donner d’intéressement en 2008.

Force Ouvrière est toujours pour le dialogue

La ténacité et le dialogue, sont pour FORCE OUVRIERE des principes fondamentaux de la négociation. La négociation et la signature d’accords d'entreprise pour qu’ils s’appliquent sont notre raison d’être. Ils doivent améliorer la condition des salariés et garantir une performance du pouvoir d’achat et de l’épargne dans l’entreprise, cadrer, préciser et adapter les règles qui nous lient à l’employeur par notre contrat de travail. Nous tenons toujours à signer de bons accords tant que la négociation reste loyale.
Merci de nous aider par vos adhésions et votre soutien à maintenir lors des élections professionnelles notre force de négociation au niveau de l’entreprise mais aussi de nos établissements. Notre Force c’est vous !

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  c.gif  Responsable de publication: Cyril HERBIN